Revue de presse – afrokanlife : Luc Mbah a Moute, joueur NBA du Cameroun
Notre Afro Inspiration du joueur Luc Mbah a Moute est le basketteur professionnel camerounais évoluant aux postes d’ailier et d’ailier fort dans l’équipe américaine des Timberwolves du Minnesota
Luc, tu as eu une brillante carrière universitaire. Explique-nous un peu ton parcours. Comment un adolescent de Yaoundé fait-il pour se retrouver dans la prestigieuse équipe de UCLA?
Comme tout enfant Camerounais, je commence par le foot qui est mon premier amour sportif et à l’âge de 13-14 ans je commence à jouer au basket dans le club d’Onyx ou très vite j’améliore mes capacités et aptitudes et je suis sélectionné [avec] 7 jeunes Camerounais pour allez représenter le pays au Basketball Without Borders en Afrique du Sud en 2003. De là, j’obtiens une bourse pour allez à Montverde Academy en Floride ou j’évolue pendant deux ans dans le Championnat lycéen, et mes performances attirent l’attention de UCLA qui m’offre une bourse pour continuer mes études.
Le Cameroun a obtenu la médaille d’argent en 2007 lors du Championnat d’Afrique de Basketball masculin, que faut-il faire pour que le Cameroun remporte enfin sa première médaille d’or continentale?
C’est l’éternel problème de préparation! Je pense que si tous les moyens sont mis en place pour que l’on ait une bonne préparation et ce, pas seulement les 2 ou 3 mois précèdent la Coupe d’Afrique, mais 2 ans voire 4 ans a l’avance, on pourra mettre sur pied une équipe pouvant remporter non pas une mais plusieurs Coupes d’Afrique.
Pourquoi est-ce que le basketball ne jouit pas de la même cote de popularité que le football au Cameroun?
Le basketball n’est pas aussi populaire que le football partout dans le monde et non pas seulement au Cameroun ou Afrique. C’est juste la triste réalité. En plus, l’équipe nationale fanion de football a remporté de nombreux succès sur la scène continentale et internationale, il est donc normal que le foot soit de loin plus populaire que le football.
Récemment, le footballeur Samir Nasri disait: « Si Yaya Touré n’était pas Africain, tout le monde dirait que c’est le meilleur milieu de terrain du monde. Cela ne joue pas en sa faveur d’être Ivoirien. S’il était Argentin ou Brésilien, tout le monde parlerait de lui.» Penses-tu que tu n’es pas reconnu à ta juste valeur parce que tu es Africain?
Bien sur que le préjudice d’être Africain joue beaucoup, que ce soit au foot, au basket ou tout autre sport. Je pense qu’en tant qu’Africain on doit travailler 3, 4 fois plus que les joueurs Américains, car on n’est pas reconnu à notre juste valeur. Mais plus on aura des joueurs Africains qui excellent dans leurs disciplines respectives, mieux ce sera pour nous autres joueurs Africains, car cette discrimination ne pourra pas durer éternellement, et on finira par avoir la reconnaissance que l’on mérite.
Le racisme est très présent dans les stades de foot en Europe. Comment ca se passe dans les arènes de NBA? As-tu déjà été victime d’un acte raciste?
Moi personnellement je n’ai jamais été victime d’un acte de racisme, mais je pense que c’est moins ou pas autant exposé que dans le football et je pense que c’est un avantage certain de la NBA car la majorité des joueurs sont des noirs, et donc difficilement comparable au foot car il y a plus de joueurs d’origines diverses. Donc la grande majorité de joueurs noirs en NBA aide à réduire des actes racistes.
Récemment, Donald Sterling, le propriétaire des LA Clippers a défrayé la chronique. Quel est ton avis sur toute cette polémique? Quelles solutions proposes-tu pour enrayer le racisme de manière définitive?
Sterling… Je pense que c’est triste et c’est dommage qu’aujourd’hui il y ait des gens qui ont encore ce genre de réflexion, comme je le dis c’est très très triste et je pense que c’est une leçon pour tout le monde, pour ceux qui pensent que l’on a dépassé cette période où les gens avaient certaines pensées discriminatoires envers les autres. Et cela montre que ça existe toujours. Et pour ceux qui pensent de la même façon que lui, j’espère que ce scandale leur montrera que cette pensée est dépassée vu l’évolution du monde et qu’il est temps d’évoluer.
Si tu n’étais pas joueur de basket, quelle profession aurais-tu exercé?
Si je n’étais pas joueur de basket j’aurai bien aimé être diplomate ou être un ambassadeur dans le monde du sport.
Les médias sont unanimes: tu es un excellent défenseur ! Quel est le joueur de NBA qui te pose le plus problèmes? Y’a-t-il un joueur qui te fait faire des cauchemars?
Il n’y a aucun joueur actuellement qui me fait avoir des cauchemars, le seul joueur contre qui j’ai joué et qui m’a souvent donné du fil à retordre est Brandon Roy. Malheureusement il a eu une carrière très courte à cause de blessures à répétition.
Au cours des dernières années, de nombreux joueurs professionnels ont été impliqués dans des scandales sexuels? Etant donné que les tentations sont omniprésentes, est-ce possible d’avoir une vie de famille lorsqu’on est dans la NBA?
Bien sur! Il est possible d’avoir une vie de famille quand on est en NBA. Les tentations bien sûr qu’elles sont là, dans le basket ou le sport en général, mais on peut être tenté aussi bien si on est athlète que si l’on exerce une autre profession, donc il revient à chacun d’être maître de ses actes et d’assumer les conséquences.
Tu arrives à conserver une vie loin des médias. Comment fais-tu pour t’assurer que les médias ne s’immiscent pas dans ta vie privée?
En général, je suis une personne assez réservée, donc j’essaye juste de rester concentré sur ce que je dois faire. Le reste du temps je le passe avec ma famille, mes amis et les gens proche de moi.
Quels conseils donnerais-tu aux jeunes basketteurs Africains qui aimeraient jouer en NBA comme toi?
Je leur conseillerais de travailler et de continuer à rêver, car beaucoup de jeunes aujourd’hui ont perdu le rêve, ne rêvent plus. Aujourd’hui, le rêve est encore plus réalisable qu’avant. Donc je dirais à tous les jeunes qui rêvent un jour d’évoluer en NBA de garder confiance en eux et de continuer à croire en leurs rêves, avec le travail tout est possible. La seule magie c’est le travail.
Le Camerounais Joel Embiid est susceptible d’être le premier choix de la Draft NBA 2014. Quelles sont vos impressions? Te souviens-tu de ta “Draft night”? Quel a été le moment le plus mémorable?
Joël a eu un parcours atypique et je suis content de savoir qu’un Africain fait partie des trois joueurs les plus convoités de la Draft 2014. C’est fantastique pour lui, pour sa famille, pour moi et pour tous les joueurs de basket-ball africains. Nous sommes très contents car l’avenir de Joel s’annonce radieux.
En ce qui me concerne, ma “draft night” était extrêmement excitante et super stressante car je ne savais pas où j’irai et je n’étais même pas sûr d’être sélectionné. Il est tout simplement fantastique de voir un rêve se réaliser et je remercie Dieu de m’avoir donné une telle opportunité.
Source : http://www.afrokanlife.com